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Poèmes pour la postérité et papiers de famille (1)

Le 21/05/2022 0

Cette semaine, le thème de cet article, c’est un curieux cahier de 43 poèmes manuscrits dont certains sont datés du début des années 30. En France, pays de la Pléiade et des Belles-lettres, même dans les milieux populaires, on taquinait la muse. Il n’est donc pas exceptionnel de trouver des textes littéraires dans les vieux papiers de famille. J’ai toujours pensé qu’Erato et Euterpe se moquent du sexe, de l’âge, de la condition sociale de ceux qu’elles appellent dans leur giron.

Un vieux cahier...

Ce qui m’intéresse particulièrement ici, c’est que ce recueil tient à la fois de l’autobiographie testamentaire et de l’album de famille. Pourtant, au premier coup d’œil, ce cahier n’est pas très engageant : la couverture est noire et comporte des traces de déchirures. Sur les deux premières pages de garde, deux poèmes (en quatrains et tercets, vers rimés) imprimés sur feuille ont été collés : « A une Normande » et « Vieux logis ». Des hors-textes en quelque sorte.

Couv

Au sommaire

Som

En première page figurent auteur, titre, sommaire et la dernière volonté du poète quant à la pérennité de son œuvre : Après mon décès, ce recueil devra être remis à ma nièce : Madame Jules Allain née Yvonne Maillard.

L’écriture calligraphiée à la plume (deux tailles : fine et large) et à l’encre violette, le papier vergé à petits carreaux, jauni, mais d’excellente qualité (toutes les feuilles sont filigranées « H&C », on le voit par transparence sur les pages vierges), ainsi que la présentation soigneuse du sommaire en première page évoque les cahiers des écoliers de l’ancienne école, celle de la IIIe République.

Une vie de poëte artisan

Impatient, curieux de mieux connaître le poète, je feuillette rapidement l’ouvrage pour m’arrêter à la page-titre de la troisième partie.
Au verso, bien au centre, un cadre-souvenir a été représenté : on peut y voir la photo d’un homme d’une soixantaine d’années, en pied, posant en costume mais sans veston, pantalon noir, chemise blanche à manchette et double boutonnage, nœud papillon. Le cliché a été découpé, collé puis, dans le goût du début du XXe siècle, mis en valeur par un passepartout décoré de rinceaux et d’un trèfle à quatre feuilles porte-bonheur qui surmonte le portrait comme pour placer le poète sous le signe de la chance. Enfin, quatre baguettes, larges traits tirés au pinceau, à l’encre violette, de l’épaisseur d’un carreau exactement, encadrent l’ensemble.
Voilà qui donne corps à ce poète, Eugène Levasseur. En vis-à-vis, la lecture du poème sous-titré « Biographie de l’auteur » évoque les principales étapes de sa vie. Poèmes et photos de famille sous serpente alternent ensuite, de page recto en page recto, jusqu’à la fin du recueil. (à suivre)

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