Les reliures « JOseph TAUpin », créées vers 1930 par la maison Brodard et Taupin, sont thermoformées dans une résine de type bakélite (Pollopas, breveté). De coloris divers : rouge, bordeaux, olive, gris, bleu ou noir (la couleur qui me paraît la plus sobre et la plus seyante), cette matière synthétique est par nature cassante (et le temps n’arrange rien). Ceci explique la difficulté de trouver des Jotau en excellent état (défauts habituels : déformation des plats, éclats et fêlures au niveau des hauts et bas de coiffe, chocs aux coins, manques aux charnières, absence de plaque de titre au dos).
Voir ici un intéressant article sur la réception critique de cette nouveauté par le monde de la reliure et du livre en 1933.
Outre l’emploi d’une matière synthétique (déroutant pour les bibliophiles qui ne jurent que par les matières « nobles » comme le cuir ou le papier), la particularité technique repose sur le principe de la charnière.
Les plats constituant deux parties indépendantes du dos, ils pivotent librement au moyen d’une charnière composée d’anneaux traversés par une tige métallique. Grâce à cette tringlerie, fini le temps des mors en cuir qui se coupent (mon cauchemar quand le cuir de la reliure a séché). Finies les reliures qu’on ouvre qu’à moitié, avec mille précautions, ne nous révélant pas pleinement les ornements du texte !
Les plats sont parfois ornés, de part et d’autre de la plaque de titre, d’éléments de décor métalliques aux motifs semi-circulaires typiquement Art déco. Ce ’est pas le cas pour le modèle présenté ici.
Les Jotau furent produites en plusieurs tailles (les in-8 étant bien sûr les plus répandues) jusqu’aux années 50-60.